Le premier portrait de ma galerie d’automne est réservé au seul que je ne connaisse pas personnellement. Je n’ai même jamais rencontré Philippe Barre, ce JD Bordelais membre du bureau national du CJD et PDG de la société de Marketing créatif Inoxia, installée rive droite, à Cenon. Je ne vous dirai donc pas grand-chose de l’homme, ce qui m’évitera de dire pour une fois du bien d’un bordelais, et me concentrerai plutôt sur le projet ambitieux qu’il a décidé de porter : le projet Darwin, que vous pourrez découvrir plus en détail à travers le magnifique site : www.projetdarwin.eu

En tant que toulousains, nous imaginons trop souvent, vus de loin, nos cousins girondins comme des gens froids et réservés, enfermés dans leur ville austère, et après tout, peut-être reste-t-il encore une part de vrai dans ce cliché. Mais depuis quand ne sommes nous pas allés faire un tour Rive Droite ? Un coup de tramway, et nous voici dans une ville nouvelle au cœur de la ville ! D’une immense friche il y a quinze ans, les décideurs locaux (malgré les différences de couleur politique) ont su faire émerger, en un temps finalement court à l’échelle urbaine, un espace neuf, innovant et passionnant.
Des preuves ?
- Le jardin botanique de Françoise-Hélène Jourda
- L’équerre d’argent, le prestigieux prix d’architecture du Moniteur décerné en 2007 au groupe scolaire Nuyens, et qui a déclenché une belle polémique sur la place de l’architecture dans la société, tellement cette réalisation parvient à être ET modeste (architecture du quotidien ?) ET emblématique.

Bref, ce n’est sans doute pas un hasard si DARWIN a vu naissance dans ce périmètre. Pas le père de l’évolution bien sur, mais le projet DARWIN qui, positionné sur la friche des magasins généraux de la Caserne Niel, a cette ambition de proposer à l’homme économique une sacrée évolution. En effet, il s’agit de faire éclore dans ce magnifique bâtiment de près de 20 000 m2 un lieu unique de partage des compétences et des activités, associant :
- Des entreprises éco-innovantes
- Des commerces et des activités de service responsables
- Des associations sportives et culturelles, notamment autour de la culture de la glisse
- Des organisations citoyennes et des institutions impliquées dans la défense de l’environnement et la maitrise de l’énergie.
Au-delà de l’intégration en amont des principes architecturaux du développement durable et de l’éco-conception pour penser le bâtiment le plus économe possible (presque une évidence pour Philippe et ses partenaires, tous engagés depuis très longtemps dans ces sujets), le caractère novateur d’un tel projet est de permettre l’émergence de réflexes professionnels nouveaux, favorisés par une organisation de l’espace porteuse de pratiques innovantes. La large mutualisation des outils (on devrait aller jusqu’au parc de véhicules en autopartage) n’y est pas qu’un simple souci d’économie. Il favorise une gestion concertée des ressources et des usages et remet en cause le confort des comportements individualistes. De même, la mise en place d’espaces collaboratifs renverse la logique qui consiste à isoler les acteurs économiques par grande catégorie (le commerce a un endroit, les bureaux à un autre, les institutionnels dans leurs palais) pour susciter au contraire de la convergence de projets, des synergies de travail (et pas seulement du rapport de service des uns aux autres) et, in fine du développement économique.
Tout séduisant qu’il soit, et quoique rencontrant de nombreux échos positifs, un projet si différent de la promotion classique ne peut pas se dérouler sans anicroches. Il faut à Philippe Barre et Jean-Marc Gancille, le directeur du Développement Durable (que je ne connais pas plus) une énergie et une motivation sans faille pour garder le cap.

Heureusement, Inoxia a quelques atouts dans sa manche :
- Une longue pratique du développement durable assise sur le partage et la collaboration
- Une légitimité en tant qu’incubateur de projets environnementaux responsables, à travers le groupe Evolution
- Une reconnaissance des institutionnels locaux, avec des budgets décrochés auprès du Conseil Régional ou du Conseil Général
Mais au-delà des promesses et des discours, c’est sur le terrain des politiques qu’il a fallu batailler ces derniers mois, les lieux restant encore propriété de la CUB (Communauté Urbaine de Bordeaux). Un accord financier ayant été trouvé, le lancement réel du projet est maintenant prévu pour 2011. Avec un budget quand même estimé à 15 M d’€uros à boucler, cela me laisse évidemment le temps de vous reparler de Darwin et de l’évolution en marche.
Conclusion à la toulousaine : Au-delà des difficultés inhérentes à un projet aussi audacieux, on peut malheureusement regretter qu’une telle initiative trouve un meilleur relais sur les bords de la Gironde que sur les rives de la Garonne. Et constater que les collectivités locales bordelaises, organisées depuis longtemps au bon échelon (la CUB a quarante ans !) et très engagées dans les mutations de l’espace urbain, sont plus en avance que les nôtres pour mener à bien ce genre de réflexions ! La version optimiste étant de se dire que si tout est déjà sur les rails à Bordeaux (y compris le TGV ?), il nous reste de beaux projets à penser et à faire à Toulouse …
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